Nous recevons un invité ce soir, et tu me demandes de préparer ma robe vinyle et un string fendu (pour quoi faire ?) et de mettre des vêtements légers en attendant. Qu’entends –tu par légers ? De saison ? Sans sophistication ? Qui s’enlèvent vite ? Ou carrément coquins ? Finalement, ne sachant pas à quoi m’en tenir, et les enfants n’étant pas encore tous partis, j’opte pour du simple dans lequel je me sens bien, c'est-à-dire leggings , tunique longue et sandales noirs.
Pendant l’apéro, alors que vous vous occupez du barbecue, je prépare l’accompagnement en cuisine, et je mets la table, puis tu me demandes de t’avertir lorsque c’est presque cuit, et d’aller m’habiller. Zut ! Me voilà embêtée, je me croyais prête… Il ne me restait qu’à enlever le bas ! Et aucune envie de mettre ma robe vinyle, trop provocante à mon goût, et parfaite comme sauna privé par ces chaleurs, vraiment pas ce que je choisirais … Me revoilà à désespérer devant mon placard, n’ayant toujours aucune idée de ce que tu mijotes, je ne suis pas plus avancée que tout à l’heure, je n’ai pas envie de mettre notre invité mal à l’aise en mettant une tenue… Tu viens voir ce que je fabrique, devant mon air contrit tu me dis de rester comme je suis, l’important étant que je me sente à l’aise. Je finis par me souvenir de l’existence d’une petite robe à froufrous qui fera l’affaire. Tu choisis mon collier et je vous rejoins dans la véranda.
Lorsque je reviens, mon couvert a été enlevé, et tu me demandes de grimper sur la table, pour y servir de nappe, et y manger à même l’assiette. D’un coup cette table que je vois tous les jours me semble bien haute, et je me mets à douter sérieusement de sa solidité. M’y allonger de façon gracile semble sérieusement compromis … Je te lance un regard incrédule, pensant que tu te payes ma tête, mais tu sembles décidé, bien qu’amusé. Et comme il parait que le ridicule ne tue pas, et que j’ai promis de te faire confiance et de ne pas faire ma capricieuse, je grimpe sur la chaise que me pousse généreusement notre invité arborant un sourire parfaitement narquois, et m’allonge de tout mon long au centre de la table, les pieds dans le vide, on repassera pour le côté glamour… De fait, le mot léger prend une acception inédite (lavable, à la limite même jetable) et certaines questions qui me semblaient anodines sur le moment, et dont j’attribuais naïvement la connotation légèrement moqueuse à mon régime, prennent un sens plus taquin, telles que « Tu manges ce soir ? » ou « Il n’y a pas trop de couverts ? », révélant votre complicité.
Je ne peux que constater l’ambivalence de mes sentiments à cet instant. D’une part, je ressens une gêne profonde, donc a priori désagréable, de m’exposer ainsi même partiellement pour faire mes besoins, provocant l’envie irrépressible de disparaître et de fondre dans le paysage. Et paradoxalement, ce même embarras génère à la fois beaucoup de plaisir et une forte excitation. J’aime me laisser emporter par ce tourbillon d’émotions contradictoires, entre l’envie de fuir, de sauvegarder mon intégrité, ou de plonger et prendre le risque de faire quelques accrocs à mon orgueil (je suis bien consciente de ce que la plupart du temps la première option l’emporte). Avoir la sensation d’être au bord du précipice et me laisser submerger par cette vague de chaleur intense due à la honte (le rouge aux joues ?) suscitant un plaisir enivrant et incomparable. A cela s’ajoute après coup la satisfaction d’avoir repoussé ne fût ce que légèrement une limite, vieux vestige de mon éducation. (D’ailleurs je me demande si ce n’est pas justement l’éducation qui est la cause du plaisir dans l’humiliation ? En attribuant une dimension honteuse à des actes innocents mais empreints de plaisir de l’enfant, ne finit-on pas par associer au contraire le plaisir à la honte ?)
La soirée n’est pas terminée, tu me mets un bandeau et fixes la laisse au collier. On reste dans le ton de la soirée : « Fais-moi confiance » Marcher sans y voir, en se fiant à la traction au cou de la laisse et la voix, bien que je connaisse parfaitement les lieux, ce n’est pas un exercice évident, et j’agrippe ton bras. Tu me diriges vers ta voiture, et après mon refus catégorique mais prévisible de m’allonger dans le coffre, ce que je trouve dangereux et irresponsable, tu m’ouvres la portière et je m’installe à l’arrière.
Je crois savoir où on va. Je m’accroche à cette idée, elle me rassure, malgré tes efforts pour m’induire en erreur. (Pas bien compliqué vu mon sens de l’orientation défaillant même les yeux ouverts !!!) Et lorsque tu coupes le moteur et ouvres ta portière, je sens les odeurs familières de la forêt, en sortant je sens mes talons s’enfoncer dans le sol caractéristique. Comme j’accroche des brindilles au sol, afin d’éviter que je me casse la figure, tu me libères de mon bandeau et j’aperçois avec soulagement l’entrée de notre tunnel.
Les mains en appui sur le muret qui jouxte le tunnel, je deviens la cible de vos martinets. Je me sens bien, je suis en terrain connu, le lieu m’est familier, mais vos gestes aussi. Ainsi je peux apprécier pleinement de vous avoir tous les deux pour moi et me laisser aller dans ma bulle en toute confiance, sans arrière-pensée.
Merci à tous les deux pour ces moments délicieux

4 commentaires:
tres ludique comme soirée est racontée avec beaucoup de simplicité et de sincérité merci
jade4267
On s'y croirait ! Très joli récit !
Être son meuble, sa table mmmm :).
J'ai été bluffée par ta façon de décrire tes sensations, ta "honte" en pissant devant lui.
Tu trouves les mots que je n'arrive pas à trouver tellement c'est complexe, puissant... En te lisant j'avais l'impression de lire dans mon cerveau :)
@jade4267
merci pour ton commentaire, oui nous nous somme s bien amusés avec simplicité,sincèrité.Une soirée bien sympatique en domination soumission et qui plus est : non sexe!lol!
Merci Léa de ton commentaire particulièrement touchant! Oui, nos sensations sont complexes, puissantes, justement par ce qu'elles ont d'indéfinissable et d'insensé!
siham
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