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mercredi 14 novembre 2012

2 L'histoire d'un tout petit petit capuchon... ou mon premier piercing


Lundi matin, je vais voir mon chéri, et je lui demande à brûle-pourpoint :
« Crois-tu que je pourrais avoir un piercing sur le capuchon ? »
Passablement surpris, celui-ci me répond : « Et pourquoi ne serait-ce pas possible ? »
« Tout simplement parce qu'il faut déjà le trouver !!! »
Ben oui, sans capuchon, difficile de faire un trou dedans... J'imaginais la scène : les jambes écartées sur une table genre gynéco, évidemment à moitié nue, un grand tatoué-clouté-masqué penché sur mon intimité cherchant désespérément dans mes replis avec une loupe (en fin de compte, la réalité n'est parfois pas très loin... la loupe en moins ?)
Et s'il me répondait après tout ça, non vous êtes trop mal foutue ???

Surpris il y a de quoi l'être... Mon clito et moi (capuchon compris) c'est une courte histoire... Je sais, d'habitude on dit longue histoire, sauf que pour moi, elle est courte, entendre récente. Comme si je n'étais pas née avec cet organe, je ne l'ai découvert que tout récemment. Pour être exacte, quelques années en arrière, c'était un no man's land, un pas-touche-ou-je-mords, plus gênant qu'autre chose...Petit à petit, j'ai apprivoisé la bête, effectivement le toucher direct me fait bondir, mais indirectement, hummm... Puis le coup de foudre pour la MI et je découvre enfin passé la quarantaine l'orgasme !

De là à percer le capuchon... il y a un monde.. D'autant que samedi soir, j'affirmais haut et fort : me percer le capuchon ? Moi ? Jamais ! (qui n'a jamais changé d'avis...???)

Lorsque lundi matin j'en parle à mon chéri, je suis déjà presque décidée... J'ai passé quelques heures sur la toile en compagnie de mes amis google et youtube, et je suis incollable sur la question ! Et surtout rassurée quant à l'intégrité de mon minuscule bouton, c'est juste un mauvais moment à passer... Ce qui me rassure pleinement, c'est que l'usage de la pince n'est pas préconisé, contrairement aux autres piercings génitaux. L'idée d'une pince posée sur le clito ou le capuchon m'est absolument inenvisageable, d'où ma réaction jusque là. 

D'où vient donc d'un coup cette volonté-là sortie de nulle part de me faire poser un vertical hood ?
J'avance un tas d'arguments qui en fait n'en sont pas... en vrac : ça ne fait pas si mal ou juste une seconde- je ne suis pas plus douillette qu'une autre- pas de marche en canard les jours suivants- cicatrisation rapide- pas de longue abstinence, encore que personnellement ce n'est pas grave- reprise rapide de la natation-  invisible-  pas de soucis d'épilation ou de rasage

Bien sûr, ce ne sont pas des raisons pour sauter le pas, et honnêtement, je n'ai pas encore de réponse à cette question, seulement quelques ébauches de réponse...

D'abord, et ça peut paraître bizarre pour qui me connaît d'entendre ça de ma bouche, je trouve ça joli... oui enfin, chez les autres, et autant que je puisse trouver un sexe de femme joli... Évidemment je ne le verrai pas souvent moi-même... Mais j'aime les bijoux, et un bijou à cet endroit là, visible que de quelques privilégiés, l'idée est séduisante...

Une façon peut-être aussi d'assumer cette partie de mon anatomie que je trouve beurk (à la fois dans le sens esthétique et gluant), je suis toujours aussi mal à l'aise face aux fluides corporels...

Un défi... Un auto-défi... Me prouver que je suis capable de faire ça, malgré ma peur tenace d'être estropiée, et surmonter mon malaise vis à vis du clito et du capuchon ! Malaise que je confonds parfois avec douleur.... Assez semblable à une lame froide sur la langue, en exponentiel... D'autres stimulations au contraire me font couler malgré moi, ça me coûte de gros efforts de concentration pour contrôler ces fuites...

Ça peut sembler idiot, mais je le fais aussi pour me rassurer, ou à l'inverse me conforter définitivement dans l'idée que je suis mal fichue de ce côté là ! Vous me direz une visite chez le gynécologue aurait pu faire l'affaire... Mouais... Je me demande si ces gens savent seulement que ça existe ? Depuis que la question me travaille, la seule chose qui a jamais intéressé les gynéco qui m'ont auscultée, c'est de savoir si la douleur était intolérable, sans jamais regarder de plus près... Ma dernière en date, lorsque j'ai parlé de fontaine m'a regardé comme si je venais de débouler d'un asile et m'a fait comprendre que la discussion était close. C'est gai !

Et puis il y a une raison plus floue, qui reste à développer, liée à mon impression de stagner... Je suis en pleine remise en question, de mes principes, de mon fonctionnement, de ma recherche...Les notions comme progresser (faire progresser sa soumise je n'arrive pas à mettre un sens sur ces mots), ou lâcher prise ont quelque chose de très vaporeux et indéfinissable à mes yeux. Et pourtant, là, j'ai l'impression de stagner... Question purement SM, je suis loin d'avoir fait le tour, c'est certain, mais j'ai réalisé à peu près tous mes fantasmes à ce niveau là, et hormis d'aller plus loin plus fort, ce qui n'est pas forcément souhaitable, j'ai l'impression de faire bis et repetita... D'un point de vue D/s, j'ai découvert des contrées merveilleuses que je ne connaissais pas, que je n'imaginais pas toucher du bout des doigts et qui pourtant encore me semblent parfois inaccessibles. Lorsque je compare la siham du début et ce que je suis maintenant, il est clair que je ne suis plus aussi timide, je m'affirme (parfis un peu trop..) et je ne stresse plus autant... Le regard des autres me pèse nettement moins, bien que physiquement je ne m'assume toujours pas... De ce côté, je ne progresse pas : je suis toujours hantée par la même peur du ridicule... Et du coup, ça me freine pour beaucoup de choses, je ne parviens pas à lâcher prise...

En écrivant ces lignes, je me rends compte en fait que le piercing est à l'inverse une façon de contrôler mon corps... Un lâcher prise face à la douleur l'humiliation etc soit, mais sous contrôle...C'est moi qui ai décidé cette transformation, toute petite certes, mais c'est mon choix, avec un effet immédiat (contrairement au régime...). Avoir peur d'une douleur et vaincre cette peur, simplement parce que moi je le veux.

Enfin bref, la question est à creuser, mais ma décision est prise !
Et quand je suis décidée, rien ne m'arrête... Sauf qu'on est lundi, et les perceurs, c'est comme les coiffeurs...
Mardi aprem nous partons donc direction Pertuis nous renseigner. Déjà savoir si mon machin microscopique est trouable. Le patron me rassure, c'est excessivement rare qu'on ne puisse pas percer un capuchon (évidemment il n'a pas vu le mien!) , et en cas tout simplement, on ne fait pas... Me dit que ça ne fait pas mal (comment qu'il peut en être si sûr, autant que je sache, il n'en n'a pas lui de clito? Si qu'il me répond, j'aime à dire que j'ai un clito de 17 cm, comprendra qui voudra lol) Pas besoin de rendez-vous, éventuellement un coup de fil pour prévenir la stagiaire si ça ne me dérange pas (plus on est de fous plus on rigole) Une course à faire, le coup de fil, c'est décidé on y retourne, , sans rien dire aux gamins qui nous voient partir en gloussant comme des ados.

On nous fait entrer dans une salle carrelée avec plusieurs tables et chaises d'examens, tableaux aux murs et paravents pour la discrétion, je me déshabille derrière l'un deux... Enfin derrière... du point de vue boutique c'est derrière ! Comme toujours quand je suis stressée et gênée, je parle à tord et à travers pour masquer ma gêne et détourner l'attention. Je suis invitée à monter sur la table centrale pendant qu'ils mettent un masque et des gants, de suite ça devient plus solennel... Je m'allonge, j'écarte les jambes avec appréhension, 3 paires d'yeux se penchent sur mon sexe... L'heure de vérité... Mademoiselle la stagiaire me nettoie avec une solution, je me retiens de bondir, effectivement ça semble petit mais faisable... ouf ! Je prends une grande inspiration, comme on apprend dans les cours d'accouchement sans douleur, histoire de me détendre et de me préparer à pire... Car déjà rien que ces attouchements pour mesurer et préparer la chose me faisaient serrer les dents, et il n'y a rien eu encore. Discussion entre le maître et l'élève de savoir qui va procéder...Les outils sont prêts, le moment redouté approche...je mets les mains sur les yeux, je ne veux pas voir, c'est idiot je ne verrai rien de toute façon !!! je veux rentrer dans ma bulle, les lumières bien que nécessaires sont agressives, tu me donnes ta main à serrer. Je ne sais plus à quel moment je pars à rire comme une folle, avant, après l'aiguille ? Un fou rire comme on peut en avoir parfois rien qu'à cause des nerfs, de l'angoisse, de la douleur, à cause du selfcontrol pour ne pas bouger et risquer une blessure (moi ou les officiants...) Mais les spasmes du rire n'aident pas pour placer le bijou, je vous avais prévenus, c'est petit petit petit... il faut que je reprenne la maîtrise, et c'est finalement là que je souffre le plus.. une fraction de seconde et puis c'est fini, on tripote encore un peu histoire de visser la boule et je suis libérée...

« Bienvenue au club ! »

Lorsque je descends de la table, une sensation bien connue m'envahit ! Toute excitée par ma propre audace, je l'ai vraiment fait !!!, je me sens libérée d'un lourd fardeau, emplie d'une nouvelle force et plutôt fière ! Une rapide vérification du papier sur le « plan de travail », je suis plus que satisfaite, je n'ai même pas coulé !!!

Par contre, suite à la tension mélangée à la nouvelle sensation, je n'ai pas arrêté de couler toute la soirée, au début j'essayais de contrôler, contractant au maximum clitoris et orteils (apparemment les orteils et le clitoris sont intimement liés chez moi), de peur d'avoir mal, et trouvant ça tout de même passablement ridicule de couler comme ça, pour trois fois rien... puis je finis par me détendre, laissant les petits jets de plaisir me surprendre, tantôt en me baissant, un coup en m'asseyant, tantôt en me levant...

Un seul regret, et encore... Pas de MI ce soir...

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